domingo, 7 de junho de 2015

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A Sarajevo, le pape dénonce un « climat de guerre »

Le Monde.fr | 07.06.2015 à 01h11 • Mis à jour le 07.06.2015 à 05h07 |Par Cécile Chambraud (Sarajevo, envoyée spéciale)
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Un voyage contre les risques de guerre, un voyage comme « une prière de paix ». La visite du pape François à Sarajevo, samedi 6 juin, a été tout entière placée sous ce thème, évoqué avec des accents d’urgence tout au long d’une journée dans la capitale de la Bosnie-Herzégovine, meurtrie par le conflit de 1992 à 1995. Le pontife a repris, dans son homélie, l’idée, régulièrement exprimée, qu’a lieu aujourd’hui « une espèce de troisième guerre mondiale livrée par morceaux ». Il a ajouté, samedi, que l’on percevait désormais un « climat de guerre ».

Dans un stade empli d’une foule catholique jeune et joyeuse venue participer à la messe, François a dénoncé ceux qui « veulent créer et alimenter délibérément ce climat, en particulier ceux qui cherchent la confrontation entre les différentes cultures et civilisations, et aussi ceux qui spéculent avec les guerres pour vendre des armes » tout en tenant parfois des discours de paix. « Plus jamais la guerre ! », a lancé Jorge Mario Bergoglio, comme Jean-Paul II l’avait fait en ce même lieu en 1997, dans une ville qui aujourd’hui encore se souvient. Vingt ans après les accords de Dayton, des immeubles de Sarajevo portent encore l’empreinte des affrontements qui ont opposé forces serbes et bosniaques lors du démembrement de l’ex-Yougoslavie et de grands cimetières parsèment la ville.
Retrouver la mémoire pour faire la paix

Les stigmates de la guerre marquent plus encore les hommes. Deux prêtres et une religieuse ont témoigné dans la cathédrale des violences qu’ils ont endurées pendant le conflit. La voix brisée, Zvonimir Matijevic, prêtre du diocèse de Banja Luka, a raconté les tortures qui ont manqué de lui ôter la vie dans sa région majoritairement orthodoxe. A la fin de son témoignage, François s’est profondément incliné devant lui et lui a demandé de le bénir. Au moment de leur répondre, le pape a renoncé au discours préparé pour improviser. « N’oubliez pas leur histoire, mais pour en faire la paix, pas pour vous venger. Il faut retrouver la mémoire pour faire la paix », a-t-il recommandé aux prêtres et religieux rassemblés.


Que ce processus de pacification n’ait pas été conduit à son terme, les représentants des principaux cultes l’ont reconnu lors d’une rencontre avec le pape. Pour le cardinal archevêque de Sarajevo, Vinko Puljié, « il reste encore beaucoup de blessures à guérir pour retrouver la confiance les uns envers les autres ». « Encore aujourd’hui nous parlons [de la guerre] comme si elle s’était achevée hier », a convenu l’évêque orthodoxe Vladika Grigorije, tandis que Husein Kavazovic, le grand mufti de Bosnie, a plaidé pour la « réconciliation de notre monde inquiet et divisé ». Devant les autorités politiques du pays, le pape a demandé « de nouvelles mesures pour renforcer la confiance et créer des occasions pour que croissent la compréhension et le respect mutuel » et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, « indépendamment de leur origine ethnique, religieuse ou géographique ». La concorde entre ces communautés, a-t-il plaidé, a valeur d’exemple ailleurs : « Elle témoigne devant le monde que la collaboration entre les différents groupes ethniques et religieux pour le bien commun est possible, qu’un pluralisme de cultures et de traditions peut exister ».
« Humanité commune »

Où mieux que dans ce fragile assemblage où les clivages religieux se superposent aux clivages nationaux — Bosniaques musulmans, Serbes orthodoxes et Croates catholiques — le pape pouvait-il plaider pour le dialogue interreligieux ? C’est bien là l’un des thèmes marqueurs du pontificat de ce pape. En deux ans, il l’a placé au cœur de ses voyages en Terre Sainte (mai 2014), en Albanie (septembre 2014), en Turquie (novembre 2014), au Sri Lanka (janvier 2015). « Le dialogue interreligieux, a-t-il dit devant des responsables de différentes confessions, ici comme ailleurs dans le monde, est une condition indispensable pour la paix, et pour cette raison c’est un devoir pour tous les croyants. » Il a insisté sur le fait qu’il « ne peut se limiter (…) aux responsables des communautés religieuses, mais doit s’étendre le plus possible à tous les croyants ». A cette condition, Sarajevo peut redevenir un lieu « où la diversité ne représente pas une menace mais une richesse », « témoigner qu’il est possible de vivre ensemble, dans la différence mais dans l’humanité commune ».

C’est vers les jeunes que le pape argentin s’est tourné pour évoquer l’avenir :« Vous êtes la première génération d’après guerre, a-t-il lancé lors d’une rencontre avec certains d’entre eux. Vous voulez être un “nous” pour ne pas détruire le pays. C’est la vocation de votre génération. »

Dans le stade où elles attendaient l’arrivée de « papa Franjo », Janja et Helena, deux volontaires originaires de la petite ville de Neum — seul accès bosnien à l’Adriatique — nées juste après la guerre, avouaient qu’elles ont besoin de« l’espoir » que représente pour elles la venue du chef de l’Église catholique. Elles sont aujourd’hui étudiantes mais elles ne savent pas si elles pourront trouver un emploi le moment venu. Contrairement à beaucoup de leurs contemporains, Janja et Helena n’ont pas l’intention de s’expatrier. Mais elles reconnaissent qu’ajoutée aux relations entre communautés, où il y a selon elles « des progrès à faire », la situation économique dégradée pousse beaucoup de Croates à quitter le pays. Par rapport à l’avant-guerre, leur nombre — et donc celui des catholiques — a été divisé par deux (400 000 contre 800 000). « Nous constatons, chaque jour, que nous sommes de moins en moins nombreux », a déploré le cardinal Vinko Puljic, en particulier à cause du départ de nombreux jeunes.






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Cécile Chambraud (Sarajevo, envoyée spéciale)
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