terça-feira, 3 de novembro de 2015

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Six questions autour du crash de l'avion russe
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Par Caroline Piquet
Mis à jour le 02/11/2015 à 18:14
Publié le 02/11/2015 à 16:47




Alors que les «boîtes noires» n'ont pas encore «parlé», la compagnie charter russe Metrojet a rejeté la possibilité d'une erreur de pilotage ou d'une défaillance technique. Éléments d'explications avec deux experts en aéronautique.
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L'Airbus A321-200 de la compagnie charter russe Metrojet s'est écrasé samedi à l'aube dans le Sinaï, 23 minutes après avoir décollé de la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Les enquêteurs russes et égyptiens se sont rendus sur les lieux du crash, où ont été retrouvés les deux enregistreurs de vol, les «boîtes noires», dont l'analyse devrait prendre plusieurs jours. En attendant, de nombreuses questions restent en suspens. Éléments de réponses avec deux experts en aéronautique, qui ont souhaité garder l'anonymat.

1) L'appareil s'est disloqué en plein vol, une vingtaine de minutes après son décollage de Charm el Cheikh. Deux jours après le crash, le responsable de la compagnie russe Kogalymavia/Metrojet a écarté ce lundi l'hypothèse d'une défaillance technique ou d'une erreur humaine et a parlé d'une «cause extérieure». Que faut-il comprendre?

Les experts interrogés par Le Figaro appellent à la prudence. «Tant que nous n'avons pas analysé les boîtes noires, tous les pistes restent ouvertes», explique l'un d'eux. «Le responsable de la compagnie a-t-il des compétences suffisantes en aéronautique?» interroge un autre. «J'ai le sentiment que la compagnie essaie à tout prix de se dédouaner en affirmant que l'appareil était en excellent état et que son équipage n'y est pour rien. Vous remarquerez que le fabriquant Airbus ne l'a pas fait…» Le jour du crash, les soupçons se sont rapidement portés sur l'avion et la compagnie, les autorités russes écartant très vite la piste terroriste.

2) D'après la compagnie aérienne russe qui exploitait l'Airbus, les pilotes ont perdu le contrôle «total» de l'avion. Le commandant de bord n'a émis aucun appel de détresse avant la disparition de l'appareil des écrans radar…Cette absence de signal venant du cockpit implique-t-elle l'intervention d'une tierce personne qui aurait pu les empêcher d'agir?

«Pas forcément», répond le premier expert. «Il est courant que les pilotes n'envoient pas d'alerte. Ils essaient d'abord de gérer l'urgence, leur priorité restant la trajectoire de l'avion. Par exemple, un équipage qui perd un moteur ne va pas forcément envoyer un signal de détresse. Dans le cas présent, il est tout à fait possible que les pilotes aient été accaparés par un problème». Deuxième possibilité: «Si l'avion s'est disloqué dans les airs, les pilotes ont rapidement dû se retrouver en manque d'oxygène et les commandes ne devaient plus réagir», suppose l'autre spécialiste.

3) Le contact avec cet avion à destination de Saint-Pétersbourg a été perdu alors qu'il se trouvait à plus de 30.000 pieds (plus de 9000 mètres), son altitude de croisière. Comment peut-on perdre le contact d'un avion?

Différents scénarios sont possibles pour expliquer que le transpondeur de l'avion n'émette plus de signal. «Soit il a été coupé volontairement. Soit il a été privé d'énergie électrique. Soit la zone traversée par l'avion n'est pas couverte par les radars», détaille l'un des spécialistes. «Si on est dans l'hypothèse d'une explosion en plein vol, il n'est pas surprenant de perdre son contact», ajoute le second.

4) À ce stade, des spécialistes excluent que l'EI dispose des moyens militaires nécessaires pour abattre un avion de ligne à 9000 mètres d'altitude, mais n'excluent pas qu'une bombe ait pu exploser à bord ou que l'avion ait pu être touché par un missile tiré depuis le sol alors qu'il était descendu plus bas que son altitude de croisière. Ces deux hypothèses sont-elles crédibles?

«J'ai du mal à croire qu'un problème technique propre à l'avion ait pu le faire exploser. L'hypothèse de la bombe à bord est donc une possibilité», répond l'un d'eux. «Quelqu'un a pu placer un engin explosif dans une partie de l'avion ou se faire directement exploser». En revanche, la seconde hypothèse ne convainc pas: «Cela voudrait dire qu'un complice à bord de l'avion ferait descendre l'avion pour que d'autres puissent lui tirer dessus. Il faut donc être au bon endroit, à la bonne altitude… Cela me paraît très compliqué à mettre en œuvre», estime l'autre expert. Une hypothèse également balayée par un membre de la commission qui examine les boîtes noires retrouvées sur le site du crash: selon lui, l'appareil n'a pas été touché de l'extérieur par un projectile.

5) D'autres pistes sont-elles possibles?

Le transport en soute de produits à risques est aussi envisageable mais l'un des deux experts en aéronautique voit surtout une autre possibilité: «La perte de contrôle de l'avion a très bien pu entraîner un effet de survitesse», suppose-t-il. Dans ce cas, les charges sous les ailes deviennent supérieures à la résistance de la structure et l'avion se disloque». Mais pourquoi les pilotes auraient-ils perdu le contrôle de l'appareil? «Impossible, encore une fois, de le savoir», répond-t-il.

6) Des fragments de l'avion ont été retrouvés au sol sur une surface de 20 km². Des dizaines de sacs de voyage et de valises colorées, pour la plupart en bon état, ont été retrouvés sur place. Si on retient l'hypothèse d'une bombe, n'aurait-elle pas détérioré les bagages?

«Pas forcément», répondent les experts. «Une bombe à bord peut créer la destruction d'une partie du fuselage, proche de l'endroit où la bombe a explosé. Il se peut qu'une soute n'ait pas du tout été touchée par l'explosion. Ce qui expliquerait que les bagages aient été retrouvés pour certains en bon état au sol.» Le second expert abonde: «Une déflagration très violente peut briser la carlingue, sans pour autant en détruire le contenu».

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