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terça-feira, 1 de setembro de 2015
Dans "Le Figaro.fr"
La Belgique, base arrière du terrorisme ?
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Par Alain Destexhe
Mis à jour le 01/09/2015 à 11:35
Publié le 31/08/2015 à 20:10
FIGAROVOX/TRIBUNE - Alain Destexhe pointe la forte implication de la Belgique dans les attentats islamistes. Il explique les raisons pour lesquelles ce petit Etat est un îlot européen du salafisme.
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Alain Destexhe est sénateur belge. Ancien Secrétaire Général de Médecins Sans Frontières et ex Président de l'International Crisis Group, il est, entre autres, l'auteur du Mouvement flamand expliqué aux francophones et Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam réac. Lire également ses chroniques sur son blog.
Après l'attentat du Thalys, c'est la question posée par RTL-TVI, la plus regardée des télévisions francophones belges. Sur sept attentats récents qui ont marqué les esprits, la Belgique est impliquée à cinq reprises, souvent sous la forme d'achats d'armes.
Depuis 2001, la Belgique est concernée par le terrorisme islamique. Deux jours avant le 11 septembre 2001, en Afghanistan, les assassins du célèbre commandant Massoud, qui incarnait l'alternative aux talibans, voyageaient avec des passeports belges volés. Quatre jours plus tard était arrêté Nizar Trabelsi, un ancien footballeur tunisien vivant en Belgique qui planifiait un attentat contre une base américaine contenant des ogives nucléaires. Et c'est une Belge originaire de Charleroi, Muriel Degauque, qui fut la première convertie européenne à commettre un attentat-kamikaze en Irak en 2005.
Plus récemment s'est tenu à Anvers le procès de 46 (!) membres de Sharia4Belgium, une organisation appelant à transformer la Belgique en un Etat islamique sous le régime de la sharia. Preuve des difficultés à concilier le respect de la liberté d'expression avec la lutte contre le radicalisme, le site Internet de l'organisation a pu mener une propagande djihadiste pendant de nombreuses années avant d'être finalement interdit. Sharia4Belgium est considéré comme l'un des plus importants fournisseurs belges de combattants à l'Etat islamique, et la plupart des prévenus ont été jugés par contumace.
Au total, c'est plus d'une dizaine de procès que la Belgique a connus pour des faits de terrorisme islamiste. Compte tenu de la taille du pays, c'est beaucoup plus que la plupart des autres pays européens. Comment expliquer cette singularité ?
Au total, c'est plus d'une dizaine de procès que la Belgique a connus pour des faits de terrorisme islamiste. Compte tenu de la taille du pays, c'est beaucoup plus que la plupart des autres pays européens. Comment expliquer cette singularité?
Il y a d'abord le nombre important de musulmans en Belgique (le second en Europe après la France en pourcentage de la population), concentrés dans quelques villes comme Bruxelles, Anvers ou Verviers où, on s'en souvient, un réseau terroriste a été démantelé juste après les attentats contreCharlie Hebdo. Dans la capitale de l'Europe, les musulmans constituent désormais un tiers de la population et pourraient devenir majoritaires d'ici une vingtaine d'années. Même si l'immense majorité vivent leur religion de façon paisible, une portion de ces quelques 700 000 musulmans constitue un vivier de recrutement potentiel important pour les réseaux djihadistes.
Mais cela ne suffit pas à expliquer le fait que la Belgique compte le plus grande nombre de combattants en Syrie (330 à 440 selon les estimations), soit presque autant que l'Allemagne ou le Royaume-Uni en chiffres absolus et deux fois plus que la France par million d'habitants. Bruxelles partage désormais avec Londres, le douteux privilège d'abriter tous les courants de l'islam, des plus modérés aux plus radicaux. A côté des mosquées officielles reconnues, il existe des dizaines de mosquées illégales mais tolérées par les autorités. Il est pratiquement impossible pour les services de police ou de renseignements de toutes les surveiller et de suivre ce qui s'y dit.
La Constitution belge protège la liberté de culte. La plupart des mosquées reçoivent légalement des fonds provenant d'Etats étrangers, essentiellement de Turquie, d'Arabie saoudite ou du Qatar. Beaucoup d'imams ne parlent aucune des langues nationales et les autorités ignorent souvent d'où ils viennent et ce qu'ils racontent. Ce problème dure depuis des années. Et comme en France, l'Etat peine à organiser une représentation des musulmans de Belgique qui, quelle que soit sa composition, est systématiquement contestée dans sa légitimité comme dans son action.
De plus, l'univers salafiste est particulièrement bien organisé à Bruxelles avec des mosquées, des centres de formation et des librairies. S'y développe un discours peu compatible avec les valeurs européennes. La capacité de mobilisation de ce monde est considérable.
De plus, l'univers salafiste est particulièrement bien organisé à Bruxelles avec des mosquées, des centres de formation et des librairies. S'y développe un discours peu compatible avec les valeurs européennes. La capacité de mobilisation de ce monde est considérable. Elle passe le plus souvent inaperçue sauf lorsque, comme il y a quelques années, une simple conférence d'un prédicateur égyptien connu avait rassemblé à Bruxelles 2 500 personnes, des jeunes pour la plupart, les femmes assises à l'arrière de la salle et séparées des hommes par un grand rideau! Dans certaines librairies musulmanes, il est aisé de trouver des livres qui font, de façon à peine voilée, l'apologie du djihad ou qui expliquent doctement que la femme doit obéir à son mari, par exemple «quand l'homme l'invite à partager sa couche».
Bien que non-violent la plupart du temps, l'univers salafiste constitue néanmoins une puissante affirmation identitaire qui conforte une vision conservatrice de la société et du rôle de la femme, en marge de la vie politique et sociale bruxelloise. Et parfois, le salafisme bascule dans le terrorisme, comme ce fut le cas d'un jeune prédicateur comptant 30 000 amis sur sa page Facebook qui a rejoint la Syrie et appelé à la destruction de la Belgique. Même les institutions les plus «respectables» ne sont pas épargnées: récemment, grâce à Wikileaks, on apprenait qu'en 2012, la Belgique avait expulsé Khalid Alabri, le directeur du Centre islamique et culturel de Belgique, la plus grande mosquée de Bruxelles, gérée par l'Arabie saoudite, à cause de ses prêches virulents, et anti-juifs.
Dans deux communes bruxelloises, des membres d'une liste politique appelée «Islam», préconisant l'application de la charia en Belgique, ont été élus conseillers lors des dernières élections municipales de 2012. Animée par des chiites, minoritaires, cette liste n'a pas véritablement percé aux élections nationales. En outre, Bruxelles n'est pas pour autant épargnée par les affrontements inter-musulmans: à Anderlecht, un imam chiite a ainsi été tué dans l'incendie volontaire de sa mosquée par un sunnite.
Pendant trop longtemps, au nom de la liberté religieuse et du multiculturalisme, les autorités belges ont laissé des groupes radicaux se développer, et certains de leurs membres ont désormais rejoint des réseaux terroristes. Les rares voix critiques qui tiraient le signal d'alarme étaient accusées de stigmatisation ou « d'islamophobie ».
Pendant trop longtemps, au nom de la liberté religieuse et du multiculturalisme, les autorités belges ont laissé des groupes radicaux se développer, et certains de leurs membres ont désormais rejoint des réseaux terroristes. Les rares voix critiques qui tiraient le signal d'alarme étaient accusées de stigmatisation ou «d'islamophobie». Il a fallu d'abord l'attentat de Nemmouche contre le musée juif de Bruxelles, puis - surtout - celui contre Charlie Hebdo pour que la menace soit, enfin, prise au sérieux.
La tâche du gouvernement de centre-droit de Charles Michel, en place depuis un an, est particulièrement difficile car il hérite d'une situation désastreuse. De plus, le morcellement des compétences propre à la Belgique complique l'action politique: si la sécurité et l'immigration restent des compétences fédérales (nationales), l'intégration, l'enseignement et l'organisation des cultes sont gérés au niveau des «communautés» et des «régions». Ce qui peut mener à la mise en place, sur un territoire déjà exigu, de trois politiques différentes dans ces domaines. Or, la lutte contre le radicalisme et le terrorisme implique une stratégie cohérente à tous les niveaux de pouvoir.
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